Edition 2024 – François Rigoulet

«Les larmes du guépard»

Pourquoi le guépard a t-il des larmes ?

Il y a bien longtemps, vivait un chasseur paresseux qui n’appréciait pas le dur labeur de chasser pour le village. il rêvait de pouvoir gagner la viande sans effort. Un jour, alors qu’il était assis sous un arbre, il regarda une femelle guépard traquer un troupeau de gazelles et fut envieux de la rapidité avec laquelle elle avait attrapé sa proie : il pouvait imaginer manger de la viande fraîche tous les jours sans avoir à travailler dur.

Pendant qu’il la regardait, il la vit traîner sa prise à l’ombre d’où trois chatons sortirent pour manger . Il eut alors une terrible idée ! Et s’il volait l’un des petits quand la femelle partait boire et l’entraînait à chasser pour lui ? Tard dans l’après-midi, la femelle guépard est partie boire et le chasseur a couru là où les petits étaient cachés. Il trouva les trois chatons , encore trop jeunes pour avoir peur de lui, et ne put alors décider lequel prendre. Finalement, il les prit tous, pensant que trois guépards valaient mieux qu’un.

Lorsque la mère guépard revint et ne retrouva pas ses petits, elle eut le cœur brisé et se mit à pleurer. Elle pleura toute la nuit et tout le lendemain, et les larmes firent des taches sombres sur sa fourrure dorée alors qu’elles coulaient sur son visage. Tard dans l’après-midi, un ancien du village passa par là, entendit les pleurs de la guéparde.

Il chercha à comprendre.

Le vieil homme était sage, et lisait les traces dans le sol. Lorsqu’il découvrit ce que le chasseur avait fait, il fut très en colère. Le chasseur paresseux n’était pas seulement un voleur, mais il avait enfreint les traditions tribales. Tout le monde sait qu’un chasseur doit user uniquement de sa force et de son habileté. Toute autre façon de chasser le déshonore.

Le vieil homme retourna alors au village et raconta aux villageois et aux anciens de la tribu ce qui s’était passé. Les villageois en colère, s’en allèrent trouver le chasseur paresseux et le chassèrent du village. Le vieil homme ramassa les trois chatons et les rendit à leur mère reconnaissante.

Mais ses longs pleurs avaient souillé son visage à jamais. Aujourd’hui les guépards portent les taches de larmes pour rappeler aux chasseurs le déshonneur de chasser autrement que de façon traditionnelle.

légende Zulu

François Rigoulet

Photographe amateur depuis mon adolescence, je réalisais mes premiers clichés avec un petit instamatic offert par mes parents. Au lycée, je tirais mes premières épreuves au laboratoire du club photo.

Adulte, ma passion pour la photo animalière ne s’est jamais démentie et depuis 25 ans je multiplie les voyages d’exploration et d’observation. Mes destinations favorites sont les grands espaces d’Afrique et des régions polaires, régions baignées d’une lumière extraordinaire, d’une faune endémique mais souvent menacée.

En 2013 j’ai exposé une série intitulée « Pôles d’attraction » aux Rousses à l’invitation du Centre polaire Paul-Émile Victor et de Daphné Victor. (la galerie correspondant à cette exposition est visible sur mon site Internet, immensités-sauvages).

Au cours de nombreux séjours au Kenya et en Tanzanie, j’ai pu observer le guépard, un de mes animaux fétiches. Ainsi j’ai pu le voir chasser souvent, réussir parfois, échouer souvent. Il a fallu de nombreux affûts pour saisir ces instants privilégiés, gages de la survie de cet animal menacé.

J’aime à attendre (parfois longtemps) le moment fort, d’autant plus précieux que rare, d’autant plus gratifiant qu’il reste aléatoire. Ce sont ces instants furtifs, ce temps suspendu que je veux capturer par mes photographies.


Site internet :  www.immensites-sauvages.fr

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