
Edition 2026 – Jean Delhom
« Dans le ventre des glaciers »
Les glaciers, ces sentinelles du climat, sont en train de fondre à une vitesse vertigineuse dans nos régions où l’arc alpin se réchauffe trois fois plus que la moyenne européenne. Néanmoins, considérant qu’il est tout aussi important de montrer le monde que nous voulons, et pas seulement de dénoncer celui des déprédations que nous ne voulons plus, l’auteur fait le pari d’un reportage qu’il qualifie de poétique, car « il faut bien commencer par aimer ce monde si l’on veut trouver l’élan pour le protéger ».
Ce requiem pour les glaciers est donc avant tout un exercice d’admiration : la nature a sculpté loin du regard des hommes un univers d’une vertigineuse variété de formes, de couleurs et de matières. Éphémères, la plupart des cavités photographiées n’ont existé que le temps d’une saison, se modifiant de mois en mois au point de paraître méconnaissables d’une exploration à l’autre. Avec la fonte des glaciers, c’est le moule lui-même qui disparaît. Ce témoignage est une ode aux grands architectes-sculpteurs que sont nos glaciers, une louange à la nature et un appel à la vigilance protectrice de celui qui la contemple.
Jean Delhom

Né en 1962, Delhom aime à plaisanter en disant qu’il a trois vies: artistique, intellectuelle et sportive.
Parallèlement à des études d’art et de philosophie qui ont déterminé son parcours, il n’a jamais cessé d’accorder une place importante aux activités de pleine nature, notamment comme spécialiste de spéléologie sous-glaciaire. Mais la fréquentation assidue de la montagne ne l’empêche pas de se considérer comme un homme de culture avant d’être un homme de la nature. Glace est son sixième livre.
Boycottant l’avion depuis 2015 pour des raisons écologiques (à part une exception), il s’est donné pour defí d’apprendre à s’émouvoir près de chez soi, découvrant dans son pays – la Suisse –, des beautés insoupçonnées, largement aussi surprenantes sans doute que ce qu’il aurait espéré trouver à l’autre bout du monde.
L’attitude contemplative nous invite à ménager ce qui nous fait face. En lui reconnaissant de la dignité, elle nous permet de nous en réjouir sans en attendre un service. L’avenir – bien compromis par notre crise écologique sous les assauts de l’égoïsme cupide et prédateur – dépendra moins de notre puissance que de notre prévenance. Il faut commencer par aimer ce monde si l’on veut trouver l’élan pour le protéger.




